Monsieur Paul-Vincent VALTAT, vous êtes délégué pour la défense et la sécurité du Port Autonome de Paris (PAP), pouvez-vous nous présenter
tout d’abord les problèmes de sûreté rencontrés par votre établissement ?
Le port Autonome de Paris est un établissement public de l’Etat qui a reçu pour mission de gérer le domaine public fluvial le long des 500 kilomètres de
voies navigables. Réparti sur plus de 70 sites, son patrimoine de près de 1000 hectares accueille plus d’un million de M2 construits dont 500.000 sont
propriétés de l’Etablissement.
Avec 22.2 millions de tonnes de fret et 6.5 millions de personnes transportés, le PAP est le premier port intérieur de France, le deuxième d’Europe. On
comprend bien toute l’importance que revêt cet établissement pour développer le report nodal en Ile de France et ainsi participer activement au
développement durable de la Région capitale. Dans ce contexte, la sûreté devient un enjeu majeur pour le Port Autonome de Paris est cela via trois vecteurs :
1 -La demande de sécurité de nos clients qui ne cesse de croître ;
2 – Les nouvelles réglementations sur la sûreté portuaire qui, à l’image de l’aéroportuaire il y a quelques années, se développent considérablement ; je veux parler ici de l’International Ship and Port Sécurity (ISPS), la directive sûreté portuaire et autre C-PAT ;
3 – Le corpus légal Français sur la sûreté qui, comme toutes les grandes entreprises françaises, implique le Port Autonome de Paris dans la coproduction de sûreté. Je pense pour exemple aux Directives Nationales de Sécurité ou aux Etudes Préalables de Sécurité Publique.
La problématique sécurité est donc une problématique lourde pour le PAP.
Comment êtes vous organisé pour gérer l’ensemble de ces risques ?
J’anime le service central de sécurité/sûreté en charge de proposer la politique générale du port dans ces domaines et, après validation par la direction générale, à laquelle je rapporte directement, j’assure sa mise en oeuvre.
J’assois la mise en pratique de cette politique sécurité/sûreté sur un réseau de correspondants désignés dans chacune des 5 agences portuaires qui structurent la gouvernance du patrimoine du port Autonome de Paris.
Comment voyez vous évoluer votre métier de directeur sécurité ?
L’Etat recherche c’est évident une coproduction en matière de sûreté. Une meilleure prise en compte de notre réalité industrielle dans ces questions en découlera. Mais le revers de la médaille est une prise de responsabilité des entreprises dans la sûreté et la sécurité publique. A cet égard, les directives nationales de sécurité ou les Etudes Préalables de Sécurité Publique (E.P.S.P) en sont des exemples illustratifs.
Il conviendra donc que les entreprises se structurent pour répondre à ce nouveau risque, en accueillant les professionnels capables de le gérer. Le risque sécurité/sûreté rentrera dans le portefeuille des risques des entreprises. Au Port Autonome de Paris, en raison de notre patrimoine foncier important et de notre rôle de gestionnaire d’infrastructures majeures, cette intégration du risque sûreté au portefeuille du gestionnaire de risque que je suis est faite.
Vous êtes aussi administrateur de l’AMRAE (Association pour le Management des Risques et Assurances d’Entreprises) et Président de la commission Environnement Santé sécurité de cette association, comment voyez-vous les synergies possibles entre Risk managers et Directeurs Sureté ?
Au contact des managers de risques des plus grandes entreprises Françaises au sein de l’AMRAE, j’ai fait le constat que les directeurs sécurité/sûreté- qui sont pourtant aux commandes de risques majeurs pour les entreprises-étaient peu représentés.
De même, au sein du CDSE je crois entendre un souhait d’amener nos dirigeants à apprécier les évolutions fondamentales du monde de la sûreté
qui ne peut plus se résumer à une action de gardiennage et de protection ; c’est évidemment bien autre chose.
Il y a là, c’est bien évident un intérêt commun dont la prise de conscience est partagée, je peux en témoigner. Il convient de développer des coopérations entre AMRAE et CDSE afin que les directeurs sécurité que nous sommes prennent toute la place que mérite la sûreté au sein du risk managment. Je suis frappé de constater que certaines entreprises sont bien plus riches que certains Etats, et tellement moins bien défendues.