A l’heure de l’externalisation, de la société « virtuelle » ou encore de la firme en réseau, il serait temps de se demander si cette tendance ne nuit pas à l’entreprise. On connaît bien les arguments légitimant l’externalisation : baisse des coûts d’organisation, recentrage de l’entreprise vers ses compétences premières, meilleure flexibilité de l’entreprise, etc. Certes, on peut identifier un certain nombre de gains économiques issus des transformations aux marges de l’entreprise, pour autant est-on si sûr des bénéfices à long terme ? Il est intéressant de constater que Steve Jobs, qui a annoncé sa démission fin août et qui est un des PDG les plus reconnus, prône une politique tout à fait différente. La politique d’Apple pratique l’intégration verticale pour mieux contrôler la qualité de ses produits et fonctionne sur la base du culte du secret. Ses employés pensent ainsi qu’on leur donne des informations différentes et erronées pour mieux identifier les sources en cas de fuite. Le plus grand secret entoure le lancement de produits. Steve Jobs a la réputation de contrôler chaque mot de communiqués de presse.
Certains y verront un contrôle excessif, voire tyrannique, toujours est-il que la firme à la pomme a depuis plus d’une décennie à chaque fois une innovation d’avance (iMac, ibook ; iPod ; iPhone ; iPad) et elle est devenue depuis peu la première capitalisation boursière avec 341 milliards de dollars. Si les entreprises peu innovantes n’ont certainement pas un tel souci de protection de l’information, les autres, en revanche, devraient être interpellées par ces choix organisationnels et s’interroger sur les effets de mode que l’on dit créateurs de valeur, comme par exemple le développement de la sous-traitance, de l’externalisation, du cloud computing…