Vous êtes directeur de la sûreté de VEOLIA depuis deux ans, il n’existait pas à proprement parlé de direction de la sûreté avant. Qu’est ce qui a conduit la direction générale à créer une telle direction ?
Oui en effet, Antoine FREROT PDG de VEOLIA m’a demandé en Juillet 2012 alors que j’étais Directeur de cabinet du Préfet de Police Bernard Boucault de créer une Direction de la sûreté.
Analysant les menaces qui pesaient sur l’entreprise, il considérait, et à juste titre, de la nécessité de mieux identifier et maîtriser les risques et les obligations de « sûreté ».
De plus cette entreprise forte de plus de 200000 salariés présents dans 70 pays avait un devoir de protection de ses personnels, ses patrimoines matériels et immatériels.
Conscient que l’entreprise était de plus en plus confrontée à de multiples défis en tentant de trouver le juste équilibre entre opportunités commerciales et sûreté de nos activités, il démontrait l’importance qu’il attachait à cette fonction en me rattachant à lui.
De par son obligation réglementaire, Veolia doit communiquer au marché non seulement les éléments relatifs à sa performance, mais également les risques sûreté qui s’attachent à cette performance, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour identifier, évaluer et in fine traiter ces risques. La direction sûreté apporte assistance face aux enjeux de stratégie et aux enjeux de performance.
Pouvez vous nous préciser les missions de votre direction et les moyens mis en œuvre ?
Tout en s’attachant à respecter les valeurs et les règles de conduites édictées dans notre guide éthique, la direction de la sûreté a trois missions principales: la protection des biens et des personnes, la protection des salariés en déplacement et des résidents à l’étranger, la protection des systèmes d’information.
Elle organise la coopération entre l’Etat et VEOLIA déclaré OIV en contrôlant les dispositifs de sûreté.
Composée de 7 salariés, la direction s’appuie sur un réseau de plus de 40 correspondants sûreté en France et à l’international présents plus spécialement dans les pays à risques désignés lors d’une cartographie mensuelle.
Nous possédons notre propre budget de fonctionnement.
De plus nous sommes responsables de l’organisation des procédures alerte et gestion de crise du groupe.
Avant d’exercer la fonction de directeur de la sûreté, vous avez eu des hautes fonctions de la police nationale ? Comment vous êtes vous adapté à la sécurité du groupe et comment se fait-on accepter dans l’entreprise lorsque l’on vient du monde policier ?
La première des règles est de s’affranchir de l’image du policier dans l’entreprise plus porté sur la recherche du renseignement en interne qu’à la demande sûreté du personnel.
Ayant presque exclusivement exercé mes fonctions dans des services ou unités opérationnelles tels que le Raid, le SPHP ect.. pour terminer directeur de cabinet du Préfet de police, les qualités d’adaptation face aux différentes crises que nous avons dû affronter me permettent au quotidien de faire partager mon expérience dans le domaine du risque que l’entreprise connait parfaitement, plus précisément dans la prise de décision dans l’urgence. Les relations entre le privé et le public étant quotidiennes, la connaissance du fonctionnement de l’Etat évite les incompréhensions et représentent un gain en efficacité.
L’arrivée et l’adaptation à ce nouveau monde est un processus complexe qui demande beaucoup d’humilité et d’écoute. La direction de la sûreté pour recueillir l’adhésion et la reconnaissance des salariés doit impérativement s’ouvrir et communiquer en interne.
Oserais je dire également que mon rattachement au PDG représente une important garantie de reconnaissance?
A votre sens quelles sont les qualités requises pour devenir directeur de la sécurité ?
Excepté les qualités évidentes de manager je dirais même de leadership, le directeur de la sûreté doit absolument intégrer la culture des affaires dans les procédures sûreté.
Maîtriser et réduire les dépenses de sûreté, participer à l’enrichissement des offres commerciales demeurent des objectifs incontournables en entreprise.
Une des difficultés d’intégration a été d’acquérir une légitimité dans ce monde nouveau en apportant des solutions pragmatiques et en faisant preuve d’un grand sens du collectif pas toujours présent dans une entreprise de cette taille.
La France vient d’être fortement touché par un groupe criminel ultra violent. Au vue de votre expérience passée, quelle analyse faite vous de cette opération ? Pensez vous comme Alain Chouet que nous sommes confrontés à un nouveau type de groupe criminel (qu’il appelle des ‘professionnels de la violence criminelle ») ?
L’odieux attentat contre Charlie Hebdo a démontré la volonté de certains de commettre des attentats sur des cibles représentant les symboles de nos démocraties.
Cependant il faut raison garder et ne pas laisser penser que ces agressions puissent perturber l’économie de nos sociétés. De plus cela donnerait un signe positif à la stratégie de ces groupes terroristes.
Pourtant le développement de l’islamisme radical a des incidences sur la sûreté des salariés à l’étranger présents dans les pays d’Afrique, Afrique du Nord et moyen orient. Nos plans de sûreté sont contrôlés de façon permanente en liaison avec la cellule de crise du ministère des affaires étrangères pour une réaction rapide en cas de troubles.
Les entreprises sont-elles préparées face à cette nouvelle menace ?
Sans trop nous avancer, nous pouvons affirmer que toutes les entreprises ne sont pas préparées à ces menaces mais aussi à d’autres telles que celles de nature cyber.
Le CDSE est un partenaire privilégié pour tout directeur sûreté face à ces risques. Les travaux des différentes commissions du CDSE ainsi que sa revue Sécurité & Stratégie procurent une information très utile à la mise en place de dispositifs préventifs.
Veolia faisant partie des principales entreprises du CAC 40 se doit d’être leader dans le domaine de la sûreté.