La biométrie serait en passe de devenir l’élément clé d’un système d’identification et de surveillance qui se mettrait en place dans les organisations.
Ce constat ressort tant du dernier rapport de la CNIL que des derniers livres relatifs aux technologies de sécurité*. Par biométrie, il faut entendre une technique d’identification et d’authentification qui consiste à transformer les caractéristiques digitales, l’empreinte de l’iris, de la rétine de la voix, de la forme du visage, de la forme de la main, en une empreinte numérique.
Cette hypothèse mérite et méritera d’être vérifiée au cours du temps. En effet, pour l’heure, pour nous limiter au cas strictement français, cette hypothèse n’est pas, à notre sens, vérifiée. En interrogeant les potentiels consommateurs de ces technologies, à savoir dans un large mesure les directeurs sécurité d’entreprise, il s’avère qu’ils ne sont pas aussi sensibles aux sirènes de cette technologie que certains observateurs le pensent.
Ainsi, l’enquête réalisée par le CDSE, auprès de 50 directeurs sécurité de grandes entreprises (Danone, EDF, Suez, Total…) tend à invalider cette hypothèse. Sur 50 directeurs sécurité, la majorité ne recourt pas à la biométrie. Pour les autres, il s’avère qu’aucun n’a réellement généralisé le dispositif, elle ne sert que dans un cadre d’usages spécifiques : sécurité de sites sensibles ; sécurité de sites où l’information est hautement confidentielle ou encore protection de matériels extrêmement coûteux.
Par ailleurs, si la majorité ne recourt pas actuellement à cette technologie, tout porte à croire qu’ils n’y recourront pas davantage à court ou moyen terme. D’une part parce que son coût reste très élevé. D’autre part, pour beaucoup d’entre eux le « saut technologique » est loin d’être évident. Rien ne vient démontrer que la biométrie est plus efficace que les systèmes de badges utilisés actuellement. Enfin, les entreprises recherchent des dispositifs flexibles, souples, non contraignants, la biométrie est tout le contraire. Elle nécessite à la fois l’assentiment des syndicats, du personnel, des institutions, en France la CNIL. Les délais d’autorisation peuvent être longs et les dossiers compliqués à remplir.
Tant que les attentes et les besoins des utilisateurs ne seront pas mieux pris en compte, l’avenir de ces technologies paraît donc incertain.