On aime souvent vanter la qualité des rapports entre les administrations et les milieux d’affaires dans les pays étrangers : Chine, Etats-Unis, Royaume Uni étant apparemment les plus exemplaires dans l’aide que les premières apporteraient aux seconds. Or début Avril 2009 s’est tenue à Budapest une réunion Isma/Sisbo/Osac qui doit faire réfléchir.
Lors du sommet triangulaire annuel de ces associations, grande a été la surprise des auditeurs d’apprendre la fin de Sisbo, décidée unilatéralement par le Foreign Office. Coup de tonnerre, c’est une fonctionnaire qui est venue expliquer devant des directeurs de sécurité médusés que Sisbo allait être remplacé par un service beaucoup moins performant, plus neutre et surtout moins bien renseigné que ne l’était Sisbo qui avait su créer en peu de temps une relation de confiance entre le business et l’administration.
Ce qui est derrière cette décision, c’est en réalité le refus du gouvernement britannique de créer un vrai partenariat avec le business sur les sujets d’intelligence économique à l’étranger. On ne mélange plus les torchons et les serviettes !
Cela doit nous faire réfléchir à une conséquence inattendue de la crise et du retour de l’Etat dans les affaires privées. Le risque est en effet réel de voir les Etats vouloir tout reprendre à leur main à cette occasion, sans aucunement déléguer ni partager. C’est-à-dire un retour agressif et occulte des gouvernements qui seraient légitimés par la crise pour grossir encore, ce qui serait tout aussi désastreux que le tout privé devenu fou.
L’aventure de Sisbo, si on sait la saisir, est pourtant une opportunité de choix de lancer un vrai service d’aide au business à l’étranger non pas national mais à l’échelle européenne sur un vrai partenariat Etats/entreprises qui sait rester sur ce seul sujet sans mélanges sulfureux.
En étant attentif à bien séparer les informations sensibles de défense nationale qui doivent rester des prérogatives nationales, des informations permettant aux firmes européennes de mieux se développer à l’étranger, pourquoi ne pas imaginer un Service de Sécurité et d’information pour entreprises dans les Ambassades des pays Européens (SESAME) ?
La mutualisation des informations autour d’une ambassade pilote dans les pays sensibles pour l’Europe permettrait à celle-ci de mieux défendre ses chances industrielles face à des concurrents qui disposent de tels moyens depuis longtemps. Le financement de cette organisation ne poserait guère de problème, à la seule condition que les entreprises y soient à parité et que l’Etat veuille jouer le partenariat sérieusement, ce qui est aujourd’hui la seule crainte que nous devions entretenir. Nous en reparlerons plus en détail une autre fois….