Vous avez réalisé une enquête intitulée « Ethique de l’entreprise et Conseils d’Administration ». Peut-on à la lecture de celle–ci affirmer que les administrateurs cherchent à maîtriser les risques éthiques depuis la crise ?
Ce que nous disent les administrateurs dans cette enquête dont je veux rappeler qu’elle a concerné les 880 administrateurs du SBF 120 et 650 présidents de boards de grandes sociétés européennes dans seize pays, c’est qu’il y a un lien fort entre la crise et le manque d’éthique et qu’à 73,7% ils considèrent qu’une des priorités d’intervention des conseils d’administration doit être de s’assurer que le Conseil a les moyens de maîtriser les risques éthiques encourus ».
Ainsi selon eux, Il y a des priorités d’intervention du Conseil ?
Oui, nous leur avons demandé de choisir et de classer par ordre de priorité 9 thèmes éthiques possibles : les valeurs de l’entreprise, les conflits d’intérêts, la compliance, la transparence, l’intégrité des managers, la corruption, le développement durable, le respect des règles de concurrence, les droits de l’homme. Il ressort que l’intégrité du management, la défense des valeurs de l’entreprise ainsi que la lutte contre la corruption et la fraude constituent indiscutablement le trio de tête de leurs priorités (les pourcentages variant de 64 à 90%) et ce classement est quasiment identique que l’on soit président, administrateur indépendant ou administrateur salarié du conseil.
Quels sont les moyens privilégiés pour prévenir ces risques ?
Les administrateurs sont 87% à constater l’existence d’une charte ou d’un code de conduite, 65% à se féliciter de l’existence dans l’entreprise d' »une politique d’éthique et de compliance clairement définie » mais seulement 45% à signaler la présence dans l’entreprise de professionnels dédiés comme les déontologues, les compliance officers ou les directeurs de la sécurité. Un quart d’entre eux expriment le souhait que l’entreprise fasse appel à ces compétences pour aider le conseil dans sa mission. De même, ils sont 50% à souhaiter l’établissement « d’une cartographie des principaux risques éthiques ».
La question du whistleblowing intéresse particulièrement les DSE. Quelle est la position des administrateurs ?
Cette question était également posée. Ils sont 31% à déclarer qu’un dispositif d’alerte existe. Ils sont aussi 39% à souhaiter que le conseil puisse disposer d’un tel outil et il y en a 30% qui déclarent que ce n’est pas nécessaire. En gros 1/3,1/3,1/3. Quand on regarde par catégorie, plus de 40% des présidents n’y sont pas favorables tandis que 44% des administrateurs indépendants et 50% des administrateurs salariés pensent l’inverse.