Thierry Déau, fondateur et président-directeur général de Meridiam, était l’invité du Colloque annuel du CDSE, jeudi 16 décembre 2021 au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux. Lors d’un échange avec Stéphane Volant, président du CDSE, il évoque les enjeux de sécurité et de sûreté de cette société à mission française indépendante, spécialisée dans le développement, le financement et la gestion de projets d’infrastructures publiques sur le long terme.
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Le premier objectif d’une société à mission telle que Meridiam est de « passer le pas de la responsabilité vers celui de l’engagement », affirme Thierry Déau. Le P-DG de Meridiam explique que cet engagement se traduit « par des statuts modifiés pour prendre en compte à la fois les objectifs financiers et non financiers ». « Meridiam a choisi cinq axes pour affirmer son engagement et son impact sur le monde », détaille-t-il, citant le climat, l’inclusion, la santé, « l’énergie propre », et les « infrastructures durables ». « Meridiam investit sur un temps long de 25 à 40 ans. C’est un engagement de long terme dans la collectivité, dans la communauté dans laquelle on investit. Donc l’entreprise revient pour construire un service public d’infrastructure et l’exploiter dans la durée avec la meilleure politique possible. »
« La sécurité emporte aussi pour nous le sujet d’intégrité »
« On ne pourrait pas investir à 25 ans sans une problématique de sécurité, sans un directeur sécurité, Arnaud Kalika, qui solidifie le socle de notre gestion des risques », confie Thierry Déau. « Chez Meridiam, c’est le cœur de nos sujets : nous devons sécuriser les infrastructures dans lesquelles nous investissons », précise-t-il. « Nos investisseurs mondiaux, français, européens, américains, asiatiques nous confient leur argent pour réaliser tout cela et nous devons sécuriser leurs investissements.»
Cette sécurisation intervient « très en amont », poursuit le dirigeant : « avant d’entrer en relation avec les partenaires, que ce soit pour construire, pour investir ou autre chose, Meridiam vérifie l’intégrité de ces partenaires ». « La sécurité emporte aussi pour nous le sujet d’intégrité », affirme-t-il.
« Comment faites-vous pour que vos infrastructures ne soient pas attaquées, ou en tout cas empêchées de fonctionner, pour quelle s’intègrent dans le territoire et dans la société où elles sont et qu’elles soient considérées sur place comme Malgaches ici, ivoiriennes là ou turques ailleurs ?», lui demande Stéphane Volant, président du CDSE. « C’est tout l’objet de nos objectifs d’impact dans la société à mission », répond Thierry Déau, citant « l’axe d’inclusion » qui permet « la création d’emplois, l’insertion, l’égalité homme-femme », explique-t-il.
« C’est aussi la sécurité économique d’un certain nombre d’acteurs qui peuvent profiter et bénéficier » du développement de ces infrastructures, ajoute le P-DG. « Ce sont des initiatives à la fois directes, par nos investissements, mais aussi à côté, parce que nous avons un fonds de dotations qui peut accompagner des projets et un certain nombre d’initiatives pour accompagner la population locale. Au Sénégal, par exemple, autour de nos centrales solaires, nous avons formé 900 femmes à l’entrepreneuriat en partenariat avec une ONG qui s’appelle ‘Empow’Her’. Nous avons aussi créé un fonds de microcrédit et nous avons pu financer, je crois, autour de 200 projets de création d’entreprise avec un taux de remboursement qui dépasse les 95 %. » « C’est ce genre de projets qui fait la maïeutique et qui permet aux populations de se reconnaître dans nos actifs, et finalement, d’en faire le lien », analyse Thierry Déau.
« La qualité et l’intégrité sont au cœur des préoccupations de Meridiam », relève Stéphane Volant. « La qualité, ce sont des partenaires qui ont des pratiques de marché transparentes », répond Thierry Déau qui ajoute que Meridiam est désormais certifiée ISO 37000, une norme internationale relative à la lutte contre la corruption. « La qualité, c’est finalement être prêt à affronter toutes les situations impossibles qui peuvent mettre en danger les investissements et les infrastructures de façon physique », note le dirigeant.
« Sécuriser la chaîne de valeurs et la chaîne de production »
Thierry Déau précise qu’une des missions du directeur sécurité de Meridiam, Arnaud Kalika (également président de la commission « International » du CDSE, Ndlr), est globalement de « sécuriser la chaîne de valeurs et la chaîne de production, quand on est en phase de construction et d’exploitation ». « C’est un job qui se fait tout au long de la vie des infrastructures, c’est-à-dire au début, mais aussi pendant, parce qu’il se passe beaucoup de choses. » Pour se faire, le directeur sécurité « s’appuie ici, à Paris, et puis dans quelques bureaux, sur une équipe de compliance », détaille le P-DG. « Il nous permet à la fois de faire des audits, d’avoir accès à des informations mais aussi d’avoir un réseau de partenaires localement.» Le cadre dirigeant dispose de cette façon d’un « réseau de gens fiables sur lesquels il peut se reposer pour faire ses analyses, faire ses organisations et agir ». Et Thierry Déau de confier qu’il suit toujours l’avis de son directeur de la sécurité car « ses avis sont gradués » : « On a un niveau de risque ‘faible’, ‘moyen’, ou ‘fort’ qui nécessite des actions. En risque élevé, cela demande un suivi, un monitoring intense. » Cependant, « quand c’est non, c’est non », assure-t-il.
La sécurité-sûreté est-elle ainsi un avantage concurrentiel pour une entreprise à mission ? Thierry Déau estime qu’il s’agit « d’abord un gain de longévité » car « c’est devenu très important pour les investisseurs internationaux institutionnels ». « Surtout dans les infrastructures des services publics, il faut devenir un nom de confiance ». Et de conclure : « Arnaud Kalika, il m’évite de perdre beaucoup plus que je ne pourrais perdre. »
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