Le nombre de séquestrations a-t-il augmenté au cours de ces derniers mois ? Comment expliquer ce phénomène ?
Bien qu’il n’y ait pas de chiffres officiels et que les plaintes déposées restent exceptionnelles, il est certain en revanche qu’il y a eu davantage de médiatisation de ce phénomène ces derniers mois. En parallèle, on note une évolution des mobilisations sociales depuis une dizaine d’années avec une diminution des grèves et de plus en plus d’autres formes de manifestation (grèves non déclarées ou perlées, augmentation de l’absentéisme, sabotage, etc.). En ce qui concerne Groupe Synergie Globale, nous notons une augmentation de 30 % du CA directement liée à cette activité.
Le contexte économique actuel de crise sans précédent depuis des décennies ainsi que les différentes échéances électorales sont également à prendre en compte: En France, les séquestrations de patrons sont aussi un moyen de rappeler à l’étatson rôle de médiateur économique. D’une manière ou d’une autre, elles obligent les pouvoirs publics à intervenir.
Le dialogue social est peu développé en France. Le peu d’anticipation et la piètre qualité du management dans un certain nombre d’entreprises focalisées sur les tâches se font aux dépends du facteur humain. Dans un contexte économique marqué par les changements incessants, la complexité et l’incertitude, il est plus que jamais fondamental de revenir à des fondamentaux simples et de travailler la qualité des relations humaines. Les fonctions parfois considérées comme « non productives » (sûreté-sécurité, ressources humaines, communication) ont un rôle essentiel à jouer. En attendant, la séquestration s’avère pour le moment une solution qui fonctionne…
Comment les entreprises et plus particulièrement les directions sécurité peuvent-elles faire face à ce phénomène?
Il faut, dans un premier temps, considérer le « risque social » comme un risque à part entière, qui doit faire l’objet d’un travail de prévention par les managers de la sécurité, au même titre que les autres risques.
Le manager de la sécurité, doit aussi se rapprocher des directions internes concernées par ce type de risque (DRH, direction juridique, direction de la communication, direction générale) et travailler à un plan d’action commun, plus à même de convaincre les dirigeants que des actions éparpillées.
A court terme, il faut se préparer à la séquestration, prendre conseil à l’extérieur, prendre toutes les dispositions en matière de sûreté-sécurité. Lorsqu’il n’est plus possible de se rendre sur le site, le responsable d’établissement doit impérativement le signaler car il demeure responsable.
Comment les parties prenantes doivent-elles s’organiser ?
L’union fait la force. Dans l’entreprise, chacun a tendance à considérer la crise de son point de vue. Or l’approche de ces situations est nécessairement multidimensionnelle (juridique, managériale, sûreté-sécurité, pédagogique, etc.). Notre approche globale est tout particulièrement adaptée à ce type de problématique: de l’audit, conseil et ingénierie à la formation, en passant par la prévention des risques, la gestion de crise et la veille. En cas de crise sociale, tous ces moyens doivent être mis en œuvre de façon coordonnée dans une véritable gestion de projet faisant écho à celle qui devrait se mettre en place au sein de l’entreprise concernée par la crise.
Ces phénomènes de séquestrations vont-ils, se maintenir, se tasser, ou au contraire empirer dans l’année à venir ?
Ces phénomènes ne datent pas d’aujourd’hui et ils se reproduiront vraisemblablement à l’avenir. Ceci étant, la multiplication des séquestrations et la surenchère médiatique augmentent le risque de débordement. On ne peut exclure en effet un accident grave. L’expérience nous montre en effet que dans les entreprises insuffisamment préparées, la sûreté et la sécurité ne sont plus assurées convenablement durant les périodes de conflits du travail et de séquestration. Il est facile d’imaginer les risques d’une telle baisse de la vigilance sur un site classé « Seveso 2 » de type AZF.