Ali Laïdi, journaliste et politologue, passé maître dans l’analyse des rapports entreprises / Etat, vient de publier un ouvrage tout à fait remarquable. La thèse est à la fois simple et tout à fait juste. Les Etats trouvent leur légitimité actuelle dans le soutien des entreprises nationales et la conquête de nouveaux marchés. CIA, DGSE, MI6, les services de renseignement sont également impliqués. Trois fronts de la guerre économique : la nouvelle guerre de l’espace, la guerre maritime et la conquête des terres exploitables. A cet égard, les Etats-Unis, au nom de la lutte contre le terrorisme, dispose de moyens de surveillance utiles pour contrôler la concurrence étrangère. « La loi 100% scanning, qui entrera en vigueur en 2012, oblige tous les ports du monde à s’équiper d’un scanner afin de garantir qu’aucun conteneur susceptible de transporter vers les Etats-Unis. Branchés sur un immense réseau informatique relié aux douanes américaines, les scanners fourniront en permanence toutes les informations aux grandes oreilles américaines. Cette loi peut donc être qualifiée de loi d’extraterrorialité puisqu’elle s’applique à toute la planète » (p.87). Un point à notre sens méritait d’être plus discutée. La nationalité des entreprises. En effet, si l’auteur considère que le lien notamment aux Etats-Unis est fort entre entreprises et Etat, on peut s’interroger sur la nationalité des entreprises. Selon l’auteur, « l’entreprise nationale » a encore un sens puisque les conseils d’administration et le top management sont majoritaiement de la même origine que la nationalité de l’entreprise. Mais on peut pour autant se demander encore pour combien de temps.
Ali Laïdi, Les Etats en guerre économique, Paris, Le Seuil, 2010.