Interrogé par Reuters, le juge antiterroriste français Marc Trévidic estime que le niveau de la menace terroriste a baissé dix ans après les attentats du 11-Septembre. « On a un niveau de danger qui est infiniment moindre qu’avant le 11 septembre 2001. On avait à faire à une force Al Qaïda plus puissante. Elle était alliée des taliban qui avaient des camps d’entraînement qui formaient des professionnels ».
« Aujourd’hui, malgré tout, nous avons à faire à des groupes semi-amateurs qui sont sans doute moins performants, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne soient pas dangereux ». « Plus on leur tape dessus, moins ils sont organisés. » « Ils s’adaptent, avec les moyens du bord. Donc, ils vont vers la simplicité, vers l’attentat kamikaze. Ils vont recruter à la va-vite, à droite et à gauche, de manière pas forcement sophistiquée ».
Cet amateurisme et ce retour à une forme « d’artisanat » terroriste peut constituer un risque.
« On peut faire faire n’importe quoi à un amateur. II est recruté très vite sur internet, il est à peine formé, on lui demande pas la Lune techniquement. On lui demande grosso modo d’être kamikaze. Donc, nous n’avons pas du tout affaire aux mêmes personnes, mais ça reste dangereux. »
Le profil général des nouveaux activistes est moins efficace et professionnel selon le magistrat, puisque l’appui d’Etats comme dans les années 1970 avec Ilich Ramirez Sanchez, dit « Carlos », ou de l’Afghanistan sous les taliban offrait d’autres moyens techniques et des possibilités de formation.
Outre l’organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le juge craint notamment une action du régime syrien, rudement ébranlé par une révolte réprimée dans le sang qui dure depuis mars, et fragilisé par un isolement diplomatique croissant.
« La nouvelle source de danger sera un retour du terrorisme d’Etat, c’est-à-dire de groupes terroristes sponsorisés par des Etats qui trouveraient un moyen d’arranger leur situation sur la scène internationale en faisant des attentats. »
« C’est la Syrie qui fait peur. La Syrie est un régime très fort qui a toujours su justement utiliser certaines armes. Un régime dictatorial acculé peut utiliser certaines armes. »
La Libye, où circulent des armes, et peut-être des missiles sol-air après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, est aussi une source potentielle de troubles. Il ne songe pas au « chômage technique » malgré la mort d’Oussama ben Laden.
« Le djihad international a un avenir. Simplement il n’a plus de figure. C’est un avenir sans visage, on ne sait pas trop vers quoi ça va tourner. Mais le terrorisme existait hier, il existera demain. C’est une forme de criminalité et il faut vivre avec ».