Comment concilier devoir de protection et protection des libertés ?
Le programme Prism de la NSA, et plus largement le Big Data, la généralisation du recours aux drones ou la loi de programmation militaire en France suscitent un certain nombre d’interrogations quant aux menaces que ces sujets font peser sur nos libertés individuelles. L’impératif de protection, résumé à travers le concept de « devoir de protection » et érigé en principe de précaution en matière de sécurité justifie-t-il une réduction de nos libertés ? C’est le thème du nouveau numéro de Sécurité & Stratégie.
Cette réflexion est loin d’être nouvelle, comme le rappelle Cédric Paulin, chargé de mission à la Délégation Interministérielle à la Sécurité Privée, dans un article retraçant le contexte de rédaction de la loi de 1983 qui montre que les besoins de sécurité autant que la recherche d’une moralisation du secteur de la sécurité privée avaient guidé les concepteurs de cette loi actuellement en cours de révision. La généralisation des outils numériques pose de nouveaux enjeux de ce point de vue. Il en va ainsi de la géolocalisation dont Myriam Quemener, Avocat général près la Cour d’appel de Versailles, présente les enjeux juridiques. Ce dispositif aussi séduisant technologiquement que dangereux en matière de respect de la vie privée va d’ailleurs être encadré par un projet de loi déposé récemment par le Garde des Sceaux au Sénat.
Toute entreprise est aujourd’hui confrontée à la recherche d’un équilibre entre devoir de protection et protection des libertés rappelle Vincent Dufief, du groupe Total. Il en va non seulement de la réputation de l’entreprise, mais aussi de sa responsabilité civile et pénale aujourd’hui mises en causes en cas de dérogation à un comportement éthique.
Ce nouveau numéro de Sécurité & Stratégie pose plus largement la question de la compatibilité entre sécurité et éthique à travers les interviews croisées de deux spécialistes. Si le sociologue polonais Zygmunt Bauman considère ces deux notions inconciliables, jugeant que la sécurité est le nouvel avatar de l’Etat providence, le philosophe Jean-Baptiste Jeangène Vilmer inscrit sa réflexion dans une perspective « libérale-réaliste » au nom de laquelle l’éthique trouve sa place dans les relations internationales et oriente les comportements de ses différents acteurs.
En parallèle de ce dossier, Laurent Vinatier, Chercheur associé à l’Institut Thomas More, dresse un état des lieux des menaces que le Caucase Nord fait peser sur la Russie au moment précis de l’ouverture des Jeux Olympiques de Sotchi. L’auteur précise la dangereuse capacité de nuisance des groupes rebelles qui pullulent au Daghestan, en Tchétchénie, en Ingouchie et en Kabardino-Balkarie, théâtres de nombreux attentats ces derniers mois.
Pour plus d’informations : www.securite-strategie.fr